TI REMIREMONT, 11 février 2008

CERCLAB - DOCUMENT N° 2747
TI REMIREMONT, 11 février 2008 : RG n° 11-07-000187 ; jugement n° 42/2008
(sur appel CA Nancy (2e ch. civ.), 10 septembre 2009 : RG n° 08/01501 ; arrêt n° 2251/09)
Extrait : « Aux termes de l'article L. 311-37 du Code de la consommation, le tribunal d'instance connaît des actions en paiement en matière de crédit à la consommation qui doivent être formées dans un délai de deux ans postérieurement à l'événement qui leur a donné naissance à peine de forclusion. Le tribunal doit soulever ce moyen d'office même en l'absence des parties.
En vertu d'une jurisprudence constante codifiée à l'article L. 311-37 du Code de la consommation après l'adoption de la loi 95-125 du 8 janvier 2005, tout dépassement de l'ouverture initialement consentie nécessite l'établissement d'une nouvelle offre. S'agissant d'une offre préalable de crédit reconstituable par fractions, la défaillance de l'emprunteur est caractérisée à partir du moment où le montant du découvert convenu n'est pas régularisé. Lorsque l'offre préalable signée vise deux montants de découvert, à savoir un montant de découvert utile ou initial et un découvert maximum autorisé, c'est le dépassement du premier des deux montants qui caractérise l'incident de paiement (Cass. civ. 1re, 16 janvier 2007). La même solution est adoptée, en cas du dépassement du montant initialement stipulée, lors même que le dépassement de ce montant aurait été explicitement envisagé par le contrat (Cass. civ. 1re, 12 juillet 2007). En effet, la clause contractuelle prévoyant l'augmentation du crédit initial sans acceptation par l'emprunteur d'une nouvelle offre constitue une clause abusive réputée non écrite en application de l'article L. 132-1 du Code de la consommation.
En l'espèce, l'offre préalable signée entre les parties par la défenderesse stipule trois seuils de financement : […] Cette clause d'augmentation doit être considérée comme abusive et comme telle non écrite au regard de l'article L. 132-1 du Code de la consommation puisque, de part l'imprécision de la notion de « demande spécifique » et la généralité des clauses d'exception qu'elle contient, elle crée un déséquilibre économique significatif au détriment de l'emprunteur non professionnel. Le prêteur ne saurait donc s'en prévaloir au soutien de sa demande en paiement. L'accord des parties s'est donc porté sur le montant disponible initialement de 9.000 euros : la stipulation correspondante n'est du reste régie par aucune condition de périodicité. Au regard tant de la jurisprudence rappelée ci-dessus que des termes même de l'offre préalable, il y a lieu de considérer que le montant de découvert initialement convenu dont le dépassement manifeste la défaillance de l'emprunteur s'élève au maximum à 9.000 euros. »
TRIBUNAL D’INSTANCE DE REMIREMONT
JUGEMENT DU 11 FÉVRIER 2008
ÉLÉMENTS D’IDENTIFICATION DE LA DÉCISION (N.B. : mention ne figurant pas sur l’original)
RG n° 11-07-000187. Jugement n° 42/2008.
DÉBATS : Audience publique du Tribunal d'Instance tenue le 11 février 2008
COMPOSITION DU TRIBUNAL : Sous la Présidence de Monsieur J.F. MELLET, Juge d'Instance, assisté de Monique ROHMENTER Greffier
ENTRE :
DEMANDEUR(S) :
Société MEDIATIS Recouvrement judiciaire
[adresse], représenté(e) par SCP COUSIN - MERLIN, avocat au barreau de EPINAL
ET :
DÉFENDEUR(S) :
Monsieur X.
[adresse], comparant en personne
Madame X. née Y.
[adresse], comparant en personne
EXPOSÉ DU LITIGE (N.B. : mention ne figurant pas sur l’original)
[minute page 2] EXPOSÉ DU LITIGE :
Par offre préalable de crédit signée le 29 janvier 2004, la SA MEDIATIS, a consenti à Madame X. et Monsieur X. un crédit reconstituable par fractions.
Par acte du 20 août 2007, elle a fait assigner la susnommée en paiement des sommes suivantes
- 11.572,27 euros avec intérêts au taux de 16,71 % par an sur la somme de 10.184,06 euros à compter du 13 février 2007,
- 500 euros au titre des dispositions de l'article 700 du Nouveau Code de procédure civile,
le tout avec bénéficie de I' exécution provisoire.
Madame X. et Monsieur X. ont comparu en personne.
Le tribunal a soulevé d'office la forclusion de l'action en paiement sur le fondement de l'article L. 311-37 du Code de la consommation en réouvrant les débats par simple mention au dossier à l'audience du 10 décembre 2007.
La SA MEDIATIS, représentée par Maître Sampietro, avocat au barreau d'Épinal, maintient ses demandes.
Elle explique que le montant du découvert autorisé, fixé à la somme de 15.000 euros, n'a jamais été dépassé si bien que la forclusion ne serait pas acquise.
L'affaire a été mise en délibéré pour la décision être rendue à l'audience du 11 février 2008.
MOTIFS (justification de la décision) (N.B. : mention ne figurant pas sur l’original)
MOTIFS :
Aux termes de l'article L. 311-37 du Code de la consommation, le tribunal d'instance connaît des actions en paiement en matière de crédit à la consommation qui doivent être formées dans un délai de deux ans postérieurement à l'événement qui leur a donné naissance à peine de forclusion.
Le tribunal doit soulever ce moyen d'office même en l'absence des parties.
En vertu d'une jurisprudence constante codifiée à l'article L. 311-37 du Code de la consommation après l'adoption de la loi 95-125 du 8 janvier 2005, tout dépassement de l'ouverture initialement consentie nécessite l'établissement d'une nouvelle offre.
S'agissant d'une offre préalable de crédit reconstituable par fractions, la défaillance de l'emprunteur est caractérisée à partir du moment où le montant du découvert convenu n'est pas régularisé.
Lorsque l'offre préalable signée vise deux montants de découvert, à savoir un montant de découvert utile ou initial et un découvert maximum autorisé, c'est le dépassement du premier des deux montants qui caractérise l'incident de paiement (Cass. civ. 1re, 16 janvier 2007).
La même solution est adoptée, en cas du dépassement du montant initialement [minute page 3] stipulée, lors même que le dépassement de ce montant aurait été explicitement envisagé par le contrat (Cass. civ. 1re, 12 juillet 2007).
En effet, la clause contractuelle prévoyant l'augmentation du crédit initial sans acceptation par l'emprunteur d'une nouvelle offre constitue une clause abusive réputée non écrite en application de l'article L. 132-1 du Code de la consommation.
En l'espèce, l'offre préalable signée entre les parties par la défenderesse stipule trois seuils de financement : un découvert maximum de 15.000 euros, une fraction disponible utilisable à l'ouverture fixée à 9.000 euros et une avance dont le montant fait l'objet d'une mention manuscrite à 4.600 euros.
En outre, il est précisé au verso de l'offre que la fraction disponible peut évoluer sur demande spécifique de la part de l'emprunteur dans la limite du montant maximum de découvert autorisé fixé au recto, sauf si, depuis l'ouverture du crédit ou la dernière augmentation de la fraction disponible du découvert, ce dernier se trouve dans l'un des cas visés à l'article II-6, c'est-à-dire notamment en cas de « non utilisation du crédit », lorsque « les renseignements » fournis à l'établissement de crédit « s'avéreraient inexacts », en cas d'omission d'informer le prêteur de la « modification de ces renseignements », ou encore « mesure bancaire » d'interdiction d'émettre des chèques.
Cette clause d'augmentation doit être considérée comme abusive et comme telle non écrite au regard de l'article L. 132-1 du Code de la consommation puisque, de part l'imprécision de la notion de « demande spécifique » et la généralité des clauses d'exception qu'elle contient, elle crée un déséquilibre économique significatif au détriment de l'emprunteur non professionnel.
Le prêteur ne saurait donc s'en prévaloir au soutien de sa demande en paiement. L'accord des parties s'est donc porté sur le montant disponible initialement de 9.000 euros : la stipulation correspondante n'est du reste régie par aucune condition de périodicité.
Au regard tant de la jurisprudence rappelée ci-dessus que des termes même de l'offre préalable, il y a lieu de considérer que le montant de découvert initialement convenu dont le dépassement manifeste la défaillance de l'emprunteur s'élève au maximum à 9.000 euros.
Il résulte de l'historique de compte que ce montant a été dépassé sans régularisation à compter du mois de juin 2004.
La citation interruptive de forclusion est datée du 20 août 2007.
L'action en paiement est donc forclose et toutes les demandes accessoires formées par la MEDIATIS doivent déclarées irrecevables.
La SA MEDIATIS qui succombe doit être condamnée aux dépens.
DISPOSITIF (décision proprement dite) (N.B. : mention ne figurant pas sur l’original)
PAR CES MOTIFS :
Le Tribunal, statuant publiquement, par jugement contradictoire et en premier ressort,
DÉCLARE FORCLOSE l'action en paiement de la SA MEDIATIS à l'encontre de Madame X. et Monsieur X. sur le fondement de l'offre préalable [minute page 4] signée entre tes parties le 29 janvier 2004,
DÉCLARE IRRECEVABLES toutes les demandes formées par ta SA MEDIATIS,
CONDAMNE la SA MEDIATIS aux dépens,
Ainsi jugé et prononcé tes jours, mois et an que dessus,
Le Greffier Le Magistrat
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- 6631 - Code de la consommation - Présentation par contrat - Banque - Crédit à la consommation - Crédits spécifiques - Crédit renouvelable - 2 - Clause de dispense d’offre (augmentation du crédit) - Obligation de faire une offre
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